La cloche de vie
La cloche avait sonné en ce jour de janvier
Le premier jour du mois c'était moi je l'avoue
Ce fut l'unique fois où je tins le levier
Car cette cloche-là à ma porte se voue
Elle annonce à ma vie en glinguelingbalant
Les intrus les amis et la joie et la peine
Et je me dois d'ouvrir même au rustre bêlant :
Quand la clochette sonne il faut tirer le pêne
Elle a laissé tinté son ton clair bien souvent
Et j'ai laissé entrer, la porte grande ouverte,
Un amour de printemps et aussi le suivant,
à l'âge où les amours sont encore un peu vertes
J'ai croisé un matin un sage et son savoir
Mais ai-je conservé toutes ses connaissances ?
Je sais bien aujourd'hui pouvoir le décevoir
La vie est faite aussi de désobéissances
J'ai accueilli un soir à l'automne naissant
Chantant sur le palier madame Solitude
Que la lune nimbait d'un voile opalescent
Illuminant son corps d'une douce quiétude
La chaînette toujours danse le long du mur
Et attend le passant qui osera s'y pendre
Tintera-t-elle un jour ? Ce n'est rien moins que sûr !
Un invité viendra qu'il me faut bien attendre :
La cloche sonnera une dernière fois,
D'une voix d'outre-tombe, et viendra la charrette
Qui promène l'Ankou et ce sera pour moi
La cloche sonnera avant de disparaître
Le 06/03/2013 © JFP
Un texte écrit pour le défi du samedi