Le Héraut du Printemps
Le forsythia en fleurs, voici l'hiver qui meurt ;
Il n'est pas impossible, entre deux éclaircies,
Que quelques blancs flocons, lutins batifoleurs,
Recouvrent au matin leurs corolles transies
Mais les jours grandissants se parent de couleurs
Et si le blanc paraît il disparaît bien vite
Devant un preux soleil et sa lance à chaleur,
Le printemps sous les bois discrètement s'invite
Et chacun le ressent jusqu'au tréfonds de soi :
De l'arbre ankylosé dont la sève s'éveille
Au chant de quelque oiseau que l'oreille perçoit
Lorsque le promeneur sous le bois s'émerveille.
Le forsythia en fleurs de son jaune exalté
Appelle le soleil avant d'ouvrir les feuilles,
Trop timides je crois pour si tôt exulter
De ses caresses d'or que les bourgeons recueillent...
Aussi la source claire entonne un chant nouveau
Un peu plus cristallin, tintant entre les pierres
Enfin libres de gel, sifflant au contrechamp
D'une cascade nue, âme primesautière
De la fée endormie à l'ombre de ses eaux.
Et même l'herbe folle Apprête de rosée,
Tissant bijoux d'argent, les nymphes du ruisseau
Révélant leur beauté d'une perle posée.
Un forsythia en fleurs sous l'hiver qui se meurt
Et le printemps renaît de sa robe de moire,
Ravivant dans les champs cette douce clameur
Impatiente, tapie, au fond de sa mémoire...
Le 05/03/2014 © JFP