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Une plume, des mots
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21 novembre 2014

L'Homme et le Chêne

Le soleil se colore entre ciel et nuages
Des pigments de l'aurore au-dessus du vallon,
Un homme près d'un feu écoute les bruitages
Que lui proposent l'aube et ses mille violons

Une grive se grise, entre les branches vierges
De feuilles et de fleurs d'un vieux chêne dormant,
Aux rayons scintillants qui de la crête émergent,
Se mêlant aux rameaux affectueusement

J'ai quatre-cent-douze ans en ce jour qui se lève,
Se dit non pas l'oiseau mais le chêne bien sûr,
Or funeste est ce jour car armé de son glaive
Un humain va venir me priver de l'azur

Que lui ai-je donc fait, pour que de sa cognée
Il vienne m'écourter, m'ébrancher, me tuer ?
Gé dans son impuissance en est toute indignée,
Moi qui a son bonheur tant ait contribué...

Là-bas sur la montagne au loin cet homme avance
Et s'en va accomplir ce funèbre devoir
Qui à la Terre mère est une ultime offense :
Que l'arbre fut sacré, il ne pouvait savoir...

Il fallut bien trois jours malgré grande vaillance
Pour que tout soit à terre, ébranché, écorcé
Mais au regard des dieux c'était simple inconscience,
Bien que l'homme ne fut par la foudre percé.

Il fallut bien trois ans encore de patience
Avant que ne soit sec le bois sombre et veineux,
L'artiste allait pouvoir, fort de son expérience,
Faire l'oeuvre surgir de ses longs doigts cagneux

Passèrent dix ans pleins à jouer de la gouge
A vriller, mortaiser, graver... Enluminer
De discrets liserés en marqueterie rouge
Et d'un soupçon de jade une anse illuminer,

Dix ans à transpirer au fond de la remise
A poncer, raboter dans les moindres recoins,
A couvrir de copeaux son unique chemise,
A ciseler le bois avec le plus grand soin

Et il put mettre alors le mécanisme en place.
Mais lorsqu'enfin l'horloge, au temps carillonna,
Son coeur soudainement se transforma en glace :
Le brave homme mourut quand minuit résonna.

Mais ce coeur désormais le balancier anime
Pour faire vivre encore au moins quatre cents ans
Ce chêne protégé par les dieux unanimes
Devant l'habileté de ce fol artisan

Oui son coeur désormais le balancier anime
Et l'horloge jamais plus ne s'arrêtera,
Ce chêne tant aimé de ces dieux magnanimes
Un habile artisan toujours l'habitera.

Le 14/04/2014 © JFP

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Commentaires
R
La Vie a Vie<br /> <br /> Au-dela d'un instant<br /> <br /> Coeur tatoue aux veines<br /> <br /> Bois eternel au regard d'Ame...<br /> <br /> <br /> <br /> Ta poesie est tres belle Djoe<br /> <br /> Elle est empreinte d'uneouce verite...<br /> <br /> <br /> <br /> Belle soiree<br /> <br /> Bisous
B
elle est jolie ton histoire de transmission de la Vie ;) bravo ! et jolie soirée !
Une plume, des mots
  • Une plume, des mots... Des coups de coeurs et des rêves. Le tout en poèmes, parfois construits, parfois simple rivière de mots s'enchainant en chantant... Et des photos, des couleurs ramenées de mes promenades, et tout ce qui passe devant mon objectif
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