L'automne cheminant
Ce matin à l'aurore un soleil paresseux
Etalait au jardin sa douceur liquoreuse,
Glissant depuis le haut de ces monts siliceux
Les premiers chatoiements d'une blanche poudreuse.
L'automne prend sa place, hésitant quelque peu,
Colore sans un bruit son écharpe laineuse,
Sur le haut des vallons, de son miel sirupeux,
Sous le chant mordoré d'une aube cotonneuse.
Le cortège déjà des oiseaux migrateurs
Avait noirci le ciel, de son battement d'ailes
Emportant sous leur chant ces fiers navigateurs
A l'assaut de déserts aux noires citadelles.
La brume matinale élève vers les cieux
Ses gouttes de sommeil au nacre de lumière
En un long ruban clair au ballet silencieux
S'étirant sur le toit d'une vielle chaumière.
Le moineau grassouillet prêt à braver le froid
Gîte dans le branchage où le premier feuillage
Au rouge sang et or offre tel à un roi
Une ultime parure à son riant verbiage,
Les longs foulards de soie aux multiples couleurs
S'enroulent lentement autour du cou des filles
Contrastant tendrement d'un filet de chaleur
Avec ce rose au nez que la fraîcheur mordille...
Ce matin à l'aurore un soleil fainéant
Annonçait que l'automne apprêtait ses dorures
Sur les atours fanés de l'été échéant,
Méticuleux orfèvre ajustant ses marbrures :
Premiers cristaux de givre où s'anime le jeu
Des rayons tremblotant descendant la colline,
Premier voile de blanc dernier soir orageux,
Premier manteau sorti de fausse zibeline.
Ce matin à l'aurore un soleil rosissant
Perdait de sa chaleur, pour qu'une douce neige,
Qui bientôt fleurira, s'éparpille en riant
Et enchante nos yeux de son blanc sortilège.
Le 21/11/2015 © JFP