Au fond du bois
Dame lune se mire au miroir de ses yeux
Et glisse sa douceur sous la froide lumière
Née de la profondeur de l'infini des cieux.
A tresser ses cheveux dame lune s'amuse
En y glissant reflets, parmi les siens cueillis,
La voilà couronnée aux doux parfums des muses
Et ce parfum s'envole enlacé par le vent...
Un passant beau parleur le respire et s'invite
A lui conter soleil et lune se levant,
Et poussière d'étoile en la voûte céleste
Qui viendrait s'allumer du feu de son regard
Au brillant satiné et à la flamme leste !
Dame lune se rit de ce jeu innocent
De candide fraîcheur, et glisse une étincelle
Pour attiser ce feu encore frémissant.
L'ambiance se fait tendre et bien même coquine,
Car le beau jouvenceau laisse causer ses mains
Dont la verve se teint d'une flamme taquine...
Dame lune se voile arguant de sa pudeur
Lorsque dans l'ombre, nus, les deux coeurs se dévoilent,
Nimbés de son halo et d'espiègle candeur,
Que se touchent les mains, que les corps se découvrent
La peau contre la peau. Le ciel presque en rougit
Devant tant de passion quand l'un l'autre recouvre,
Que ne résonne plus dessous les frondaisons
Que le soupir du jeu des amants qui se cherchent
Les émois inconnus d'improbables frissons.
La faune dans le bois s'interroge et s'inquiète
De ces sonorités que jamais jusqu'ici
On avait pu ouïr, de mémoire de bête...
Et la nymphe je crois, qui habite ce bois,
Aimerait chaque jour revoir ce malhonnête
Qui a laissé son coeur et son corps aux abois !
Mais il a disparu, ainsi sont certains hommes,
Sans donner nulle adresse ou rendez-vous prochain,
Sans rien laisser de lui que ses pas qui résonnent.
Le 14/09/2014 © JFP