Dans l'ombre de la nuit
La ville était nimbée en ce soir de décembre
D'un châle d'ombre noire en guise de décor
Quelque lumière pâle étincelait encor
Au travers des rideaux d'une demeure sombre
Un pas lent résonnait arpentant la ruelle
De son claquement sec aux talons acérés
Quand une silhouette au noir manteau serré
Laissa deviner sa démarche sensuelle
A la porte cochère elle fit, hésitante,
Quelque pas en arrière et quelque autre en avant,
Actionna le loquet, glissa sous le auvent,
Soudain s'évanouit comme étoile filante...
Avait-elle aperçu à travers la fenêtre
La tenture glisser, qui laissa entrevoir
Un guetteur impatient auréolé d'espoir
A l'entente du pas venant de disparaître ?
Et la femme montait avalant chaque marche
Avalée elle-même en ce triste escalier
La hissant jusqu'aux cieux de palier en palier,
Une rampe de bois pour en guider la marche.
Derrière les carreaux s'éteignit la lumière
Puis une autre plus douce éclaira le rideau
Qu'un léger courant d'air secoua d'un trémolo
Quand s'ouvrit le battant de la porte palière
Dans l'ombre de la nuit une aura de mystère
Jouait à dessiner tout autours de ces murs
Ces contes déclinés en clairs et en obscurs
Dont l'imagination souvent se désaltère
Une forme parfois glissait sur la tenture,
D'un seul ou de deux corps, tordus par le tissu
Au multiples replis, fusain entraperçu,
Notes dansantes d'une obscure tablature...
Puis soudain tout s'éteint ! La lune au loin se lève
Dessinant sur le sol quelque être fabuleux,
Chimère crayonnée aux contours nébuleux,
Cerbère monstrueux tout droit sorti d'un rêve.
Par la porte se glisse une forme hésitante;
Indifférente à cette faune qui la suit
Elle se hâte à petits pas lorsque la nuit
Bientôt la happe en ses ténèbres frémissantes.
Le 02/02/2012 © JFP