Au fond du bois
Dame lune se mire au miroir de ses yeux
Et glisse sa douceur sous la froide lumière
Née de la profondeur de l'infini des cieux.
A tresser ses cheveux dame lune s'amuse
En y glissant reflets, parmi les siens cueillis,
La voilà couronnée aux doux parfums des muses
Et ce parfum s'envole enlacé par le vent...
Un passant beau parleur le respire et s'invite
A lui conter soleil et lune se levant,
Et poussière d'étoile en la voûte céleste
Qui viendrait s'allumer du feu de son regard
Au brillant satiné et à la flamme leste !
Dame lune se rit de ce jeu innocent
De candide fraîcheur, et glisse une étincelle
Pour attiser ce feu encore frémissant.
L'ambiance se fait tendre et bien même coquine,
Car le beau jouvenceau laisse causer ses mains
Dont la verve se teint d'une flamme taquine...
Dame lune se voile arguant de sa pudeur
Lorsque dans l'ombre, nus, les deux coeurs se dévoilent,
Nimbés de son halo et d'espiègle candeur,
Que se touchent les mains, que les corps se découvrent
La peau contre la peau. Le ciel presque en rougit
Devant tant de passion quand l'un l'autre recouvre,
Que ne résonne plus dessous les frondaisons
Que le soupir du jeu des amants qui se cherchent
Les émois inconnus d'improbables frissons.
La faune dans le bois s'interroge et s'inquiète
De ces sonorités que jamais jusqu'ici
On avait pu ouïr, de mémoire de bête...
Et la nymphe je crois, qui habite ce bois,
Aimerait chaque jour revoir ce malhonnête
Qui a laissé son coeur et son corps aux abois !
Mais il a disparu, ainsi sont certains hommes,
Sans donner nulle adresse ou rendez-vous prochain,
Sans rien laisser de lui que ses pas qui résonnent.
Le 14/09/2014 © JFP
Prendre de la hauteur
Promenade dans le sud
Un petit tour par l'église, parce que j'aime bien les églises...
Quelques vieux vestiges réutilisés...
A moins que ce ne soit du neuf, mais qui parait vachement vieux !
Et une vue tout ce qu'il y a de plus agréable.
Un petit tour à la Croix-Valmer.
Un petit village ma foi fort agréable, même s'il n'a rien d'exceptionnel côté architecture :-)
Dessous les frondaisons
Allongée sur la mousse
De l'or dans la rivière
Le vallon d'Autre-Monde
C'est un endroit magique, aux confins de ce monde,
On n'y accède pas sans la bénédiction
D'un sylphe ou d'un esprit de la forêt profonde,
En même encore ainsi, c'est avec précaution !
Les arbres sont retors des branches aux racines,
Traîtres sont les ruisseaux qui coulent sans un son,
Lustrant sous leur miroir les pierres assassines
Qui plongent le distrait au milieu des poissons.
Dans les sous-bois des fleurs, aux effluves mortelles,
Disséminent dans l'air leur doucereux poison
Qui te fera danser de folles tarentelles,
Jusqu'à te voir au soir tomber en pâmoison.
C'est un endroit unique habité par des elfes,
Des lutins des sorciers, des licornes aussi,
Un vieux faune et sa flûte, allongé sur le trèfle
A lutiner sa muse au regard indécis...
Le temps s'est arrêté, murmure la légende,
Et s'arrête pareil pour tous ceux qui s'en vont
Loin sous le bois épais, tout au bout de la lande,
Pour prendre ce chemin que garde un fier griffon
Sourd à la facétie. A ses pieds on ne passe
Qu'une fois dans la vie, et quiconque chemin
Rebrousse tout soudain sous ses griffes trépasse,
Etirant sur le sol une nappe carmin...
C'est un lieu mirifique aux bords de l'utopie,
Par la lune bercé de reflets de diamants
Qui projettent sans bruit, sur la flore assoupie,
Un voile de blancheur aux soyeux filaments.
Il s'y déploie un lac aux vagues d'émeraude,
Où baignent sans pudeur des nymphes aux corps nus,
Ambrés par un soleil en quête de maraude,
Sur ces courbes de soie aux faux airs ingénus...
Mais la légende en a, hélas, perdu la carte
Et les rêves sont seuls à savoir le sentier ;
Dès que mes yeux sont clos j'aperçois la pancarte
Qui m'invite à glisser, juste sous l'églantier.
Le 16/05/2015 © JFP