Pour si peu
Mon souffle s'est coupé en ce jour de folie
Où je jouais heureuse aux côtés d'un ami,
Ma vie se construisait comme un origami
Quand de la société j'ai rencontré la lie,
Quand sa balle perdue a sifflé dans ma tête
Mon sang s'est pétrifié quand tomba sur la route
La carcasse sans vie au crâne fracassé
D'un gamin comme moi qu'une balle a croisé...
Je me cache et me fige, et le coeur en déroute
Maudit la gent humaine et sa haines et ses doutes
J'ai senti se briser le cordon de mon âme
Alors que mon corps lourd s'effondrait sur le sol
Il m'aurait fallu fuir ce regard dur et fol
Plutôt que de mourir sous le fil de sa lame
Qui glissa dans mes chairs enrayant ma jeunesse
J'ai entendu claquer le bruit sec de la mine
Juste avant que n'éclate et se disperse au vent
Mon tendre compagnon, que son futur enfant
Ne connaîtra jamais, que voilà orpheline
Sur le champ de l'horreur sans qu'il ne l'ait vue naître
J'ai senti s'envoler le fil de l'existence
Juste après le sinistre et violent crissement
Des pneus sur le bitume, et la main de maman
De la mienne a glissé sous les pleurs du silence
Que déchire bientôt le cri de sa souffrance
Et j'en oublie encor, tant et tant qui mortes
Et d'autres qui sont morts, bien trop souvent pour rien
Si tant est que la mort se donne comme un bien
Dont on fixe le prix à la manière forte
Que bêtise connaît sous connaître rien d'autre...
Le 04/05/2012 © JFP